La Maison Ysalguier

Noble demeure auterivaine, elle domine de son importante stature le quartier St Paul. Elle fut édifiée sur les ruines d’un ancien castrum romain alors que le village fortifié « Le Castela » se développait sur le plateau contigu d’une superficie de 8 hectares.  

C’est une imposante bâtisse de deux étages. Construite à la fin du XIIIème siècle elle fut l’objet de transformations successives jusqu’au XXème siècle.  

Son imposante façade à colombages, ses fenêtres à meneaux et son haut pigeonnier en forme de tour témoignent de l’aisance de ses propriétaires. Les seigneurs locaux de cette lignée y administrèrent les affaires de la ville ainsi qu’en témoignent la vaste salle des Consuls et ses magnifiques cheminées.  

La fortune des Montaut, seigneurs de la ville, fut mise à mal par la peste, les guerres, les pillages, les mauvaises récoltes et déclina au XIVème siècle. Bernard Raimond Ysalguier, descendant d’une famille de changeurs du Roi Philippe Le Bel, capitoul de Toulouse et de noblesse récente racheta en deux temps la baronnie et une grande partie des biens, donnant naissance à la lignée des Ysalguier. 

L’un de ces nouveaux seigneurs, Jacques Ysalguier, devint coseigneur d’Auterive. Il se montra si tyrannique qu’il ne tarda pas à entrer en conflit avec les habitants et les consuls de la ville. Sa décision de supprimer le consulat provoqua la colère des bourgeois. Ne pouvant obtenir justice devant les tribunaux toulousains où les Ysalguier jouissaient d’une grande influence, les consuls d’Auterive cherchèrent à obtenir la protection d’un seigneur plus puissant capable de les défendre contre Jacques Ysalguier. En 1423 ils aliénèrent leur part de seigneurie au bénéfice du comte de Foix, se réservant toutefois de nombreux droits relatifs à la police et à l’administration de la ville. 

Cette donation, confirmée par le roi en 1425, permit aux comtes de Foix de prendre le titre de barons d’Auterive. 

Par la suite la maison seigneuriale connut d’illustres occupants tel Henri d’Albret, roi de Navarre, grand-père d’Henri IV, qui acquit cette demeure mais s’en dessaisit bientôt. Elle changea souvent de main jusqu’à la Révolution perdant un peu de son prestige et de son lustre, certaines pièces n’ayant pas été habitées pendant des siècles demeurent en l’état. Il devient alors difficile de suivre le fil de ses propriétaires successifs. 

Bien plus tard, la maison fut acquise par le grand-père de Germaine Malbosc, régisseur au château de Mauvaisin. Grande figure de la ville, héritière de ce bien, celle-ci devint en quelque sorte la dernière « châtelaine » de cette historique demeure à laquelle elle était très attachée et dont elle sut préserver l’âme en assumant le poids de son histoire. A la fin de sa vie elle souhaita que cette demeure, un fois restaurée, devienne un lieu dédié à la vie culturelle locale afin que les auterivains puissent la fréquenter et en profiter.  

La maison « Ysalguier » a fait l’objet en 2021 d’une importante restauration de sa charpente, de sa toiture et de ses murs grâce au mécénat de la Fondation Bern et à une aide du Département. S’il reste à faire pour achever sa remise en état, elle a retrouvé la magnificence de son aspect d’autrefois et reste un joyau du patrimoine local.